Hors Monsieur Cailhol dont on ne trouve mention que sur la couverture du registre matricule de l' année 1870 et qui aura dressé la liste des élèves, en commun avec Monsieur Mouly, si l' on en croit les deux écritures figurant sur ce document; c' est Monsieur Antoine Mouly qui "inaugure" l' établissement des listes d' élèves et signe, en page 4 "récapitulation générale", le 24 décembre 1870, le premier "registre matricule de tous les enfants reçus à l' école"dont nous disposons.

On apprend sur cette même page de "récapitulation générale", que Monsieur Mouly dont la "1ère nomination" remonte au 11 avril 1857, a été nommé "instituteur définitif" sur la commune de Saint-Just (dont Meljac était à l' époque"section") le 26 octobre 1870. On peut légitimement penser que M.Mouly a pris la "suite" de M.Cailhol qui avait commencé l' année scolaire début octobre 1870.

Dans les "éléments statistiques" établis en 1870 sur ce même document par M.Mouly, on apprend qu 'à Meljac, sur 13 enfants de 3 à 7 ans, 2 fréquentent l' école tandis que 27 sur 40 de 7 à 13 ans et 15 sur 19 de 13 ans et plus y sont inscrits. Ainsi, sur un "potentiel" de 72 garçons sur la section de Meljac, 44 sont scolarisés soit plus de 60%.
On est loin à Meljac de l'"analphabétisme" dont il est de bon ton de qualifier la période précédant "l' ère Jules Ferry". L' école en 1870 n' est pas encore "gratuite et obligatoire"; ainsi, sur les 44 garçons fréquentant l' école de Meljac, 35 sont qualifiés de "gratuits", 9 de" payants" (voir en 3ème partie, document 1875 "liste des élèves gratuits" page1, lettre-circulaire du Préfet de l'Aveyron).
Le traitement de l' Instituteur fait de "revenus fixes", de "suppléments par élève" et de "subventions de l' Etat ou du Département"s'y trouve également détaillé.

On notera en feuilletant les différentes listes d' élèves que des "mutations orthographiques" apparaissent dans l' écriture de quelques noms entre 1870 et 1873, tels que Afsié, Befsière, Mafsol qui deviennent Assier, Bessière, Massol ou de Boyè devenant Boyer; mutations qui perdureront après 1873.

On en apprendra un peu plus sur l' "école de Monsieur Mouly "au fil des différents compte rendus réalisés par l' Instituteur de Meljac sur les registres matricules.

Ainsi, en 1874, "l' instituteur est prié de donner avec soin tous les renseignements demandés...", parmi lesquels,sa religion et le nom de la congrégation à laquelle il appartient.
Nous apprenons que, né en 1838, Monsieur Mouly est marié, qu' il a été nommé à Meljac à 32 ans mais que sa première nomination est intervenue à 19 ans, en 1857, date aussi de son brevet, qu' il a obtenu le "prix du Conseil Général en 1869 et que le 11 août 1874, il aura "17 années de service public".
On apprend également qu'en 1874, l' école est loué 200 frs. et le bail expire le 1er janvier 1876. La classe mesure 8m de longueur sur 5.50m de largeur et 3.50m de hauteur.
Curieusement, sur le même type de document "statistiques_RM" de 1873, année précédente, le loyer de l' école est à 140 frs., le bail expire au 1er janvier 1874, la salle de classe est plus petite (7m de long sur 5 de large et 2.24 de haut) et le logement du maître ne semble comporter qu 'une cuisine alors qu' il est décrit en 1874 comme comprenant cuisine et chambre: s' agit-il des mêmes locaux? Y-a-t' il eu déménagement de l' école et du maître à l' issue du bail, en janvier 1874?
En 1874, la commune de Saint-Just à laquelle appartient "la paroisse ou circonscription scolaire" de Meljac compte comme en 1870, 1700 habitants dont 540 pour Meljac. Il y a 60 enfants sur Meljac et tous sont scolarisés (on se souvient là, que l' école primaire ne deviendra obligatoire qu'en 1882) dont 1 a moins de 6 ans, 56 ont entre 6 et 13 ans et 3 ont plus de 13 ans.
Parmi ces 60 enfants, 3 sont pensionnaires ...?...on pourrait penser qu' il s' agit de Marie, Louise et Léon Mouly, les 3 enfants de l' instituteur, mais ceux-ci ne figureront sur les listes d' élèves qu"à partir de 1877.
Notons aussi que 30 adultes ont fréquenté en 1874 comme en 1873, les cours du soir.
Nous avons accès au "détail relatif au traitement de l' instituteur; le total en 1874 étant de 800 frs. pour 700 frs. en 1870.
Nous apprenons enfin que la bibliothèque compte 56 volumes et que 28 prêts ont été consentis dans l' année.

En 1881, le document "registre matricule" porte après le titre "Ecole Publique", la mention ajoutée à la plume par M.Mouly "spéciale de garçons"; précision qui n' existait pas les années précédentes bien que seuls des garçons y fussent inscrits.
La "circonscription" de Meljac compte 520 habitants et la commune de Saint-Just, Meljac compris, est également à la baisse et en compte 1640.
"L' identité" de M.Mouly y est encore précisée. Il est né à Moyrazès, marié avec Eugénie Foucras, également de Moyrazès et il a 5 enfants. Il a obtenu son "brevet simple" le 11 avril 1857 à Rodez et a été titularisé sur son premier poste le 11 août 1857 à Ladepeyre (commune de Viala du Tarn dans l'Aveyron).
A Meljac,en 1881 sur 71 enfants, 59 ont entre 6 et 13 ans, 12 au dessus de 13 ans. Sur les 71 élèves, 49 sont "gratuits", 22 "payants"(c' est en 1881 que sera votée la loi de Jules Ferry rendant l' école primaire gratuite); 53 sont de la commune, 18 de communes voisines. Le traitement de l' instituteur est de 1250 fr.
Le loyer de l' école à 200 frs. n'a pas varié par rapport à l'année 1874. Un nouveau bail qui expire le 1er janvier 1884 a été signé avec la famille Faral propriétaire des locaux.
La maison pour l' école comme pour l' habitation ainsi que le mobilier scolaire sont jugés convenables par M.Mouly mais il manque "des cartes de géographie et un globe terrestre". Le combustible pour chauffer la classe est fourni par les familles des élèves et l' instituteur dispose d' un jardin de "5 ares 80 centiares".
Sur le feuillet 6 de ce registre matricule de 1881, quelques questions sont posées parmi lesquelles le point de vue de l'instituteur sur sa position personnelle; question à laquelle il est répondu:"augmentation du traitement si faire se peut".

Toujours "vérifiés et certifiés conformes" par le Maire de la commune, ces documents "registre matricule" particulièrement ceux qui sont renseignés par Monsieur Mouly sont à l' évidence les plus dotés en renseignements et anecdotes pour nous aider à imaginer ce que fut l' école primaire dans notre village à la fin du 19ème siècle.
Les autres documents dits "registre d' appel" sont moins riches d' informations; ils ne contiennent aucun élément relatif au statut du maître ou à son mode de vie...Seul, Monsieur Ginestet, on l'a vu précédemment, s' appliquera quelques années plus tard à assortir les listes d' absences de quelques commentaires fort imagés.

Monsieur Antoine Mouly restera instituteur à Meljac pendant 19 ans, jusqu'au 28 novembre 1889, date à laquelle il est remplacé par Monsieur Bouteille et ce pour deux années scolaires.

Monsieur Carcenac succédera à Monsieur Bouteille à Meljac pour la seule année scolaire 1891-1892 et sera remplacé par Monsieur Colrat qui restera à Meljac pendant 8 ans de 1892 à 1900. On remarquera durant cette période, l' inscriptionà l' école de Meljac de deux enfants, Albert et Ernest, de Monsieur Colrat.

Monsieur Charles-René Fraissignes, au départ de Monsieur Colrat, fera un remplacement d' un an jusqu 'à l' arrivée de Monsieur Féral qui restera près de 20 ans instituteur à Meljac de 1902 à 1921.
C' est sous le"règne" de Monsieur Féral que se joueront deux événements majeurs pour Meljac.
Le 24 juin 1906, d'abord, parait au Journal Officiel de la République Française, la "Loi divisant en deux communes le territoire de Saint-Just"et faisant de Meljac section de Saint Just une commune à part entière.
La nouvelle commune, second évènement, ne tardera pas (1907-1908) à construire son école; bâtiment que nous connaissons bien puisqu' il abrite aujourd'hui la mairie de Meljac et l'association Meljac.Net.

Parallèlement à cette école de garçons tenue par M. Ginestet, Madame Féral, épouse de M. Féral (voir plus haut) aura en charge l' école des filles pour les années 1928 à 1932. C' est effectivement en 1928 qu'apparait pour la 1ère fois dans nos archives, avec Mme Féral pour "maîtresse", la notion "d' école des filles": réalité "historique" ou hasard de conservation des documents?...

Madame Ginestet - fille de M.&Mme.Féral et épouse de M.Ginestet - prendra la suite de Mme Féral dès l' année scolaire 1933-34 et ce jusqu 'à l'année scolaire 1959-60 si l'on en croit la photo, faute de registre disponible. Notons au passage, la présence de Jeanne Ginestet, fille de M.&Mme.Ginestet, dans la classe de Mme.Ginestet, en cours moyen en février 1934: on voit bien qu 'à Meljac, "tout se passe en famille!"...

Nous ne disposons d' aucun registre pour les années 1956 à 1960 mais la photo de l' année 1958 d' une part témoigne de la présence de Monsieur et Madame Ginestet à l' école de Meljac; la photo de l' année scolaire 1959-60 d' autre part, de celle de Madame Ginestet et de Monsieur Marty.

Monsieur et Madame Marty, sur la période 1960-1969 achèveront ce "siècle d' Histoire scolaire Meljacoise"comme en témoignent quelques documents retrouvés, souvent incomplets dénommés "liste des élèves ouvrant droit au bénéfice de l' allocation scolaire" ou autres "registres des appels".
Notons qu'en 1962 disparaît la notion "d' école publique de garçons ou école publique de fille pour céder la place à "école publique mixte"; segmentant les effectifs des classes par niveau et non plus par sexe.